La Session d'hiver 🎄 (02-20.12.2024) du Conseil national s'achève dans une période agitée. Les fins d'années ne sont pas toujours simples: ambiance de fin du monde donnant parfois le sentiment que tout doit être accompli avant le 31 décembre, période propice aux bilans et poids de l'isolement aussi pour les personnes seules.
Repli sur soi post-covid, maladies, perte d'un proche, addictions, discriminations, dérèglement climatique, multiplication des guerres: les causes du mal-être sont multiples. De nombreux jeunes notamment en souffrent (29% de détresse psychologique chez les femmes de 15 à 24 ans) dans un climat anxiogène. Cela peut parfois conduire à se donner la mort ou à des tentatives de suicide.
Prévention, détection et orientation des personnes en détresse
Les troubles mentaux coûtent plus de CHF 7 mia/an à la santé publique (selon l'OFSP). Par ailleurs, deux millions de personnes ont déjà exercé le rôle de proche de confiance pour une personne atteinte dans sa santé mentale.
La Session des Jeunes 2024 (08-10.11) s'est penchée sur la question de la santé mentale. Elle propose notamment des cours de détection destiné à la jeunesse. Contrairement à des idées reçues, les milieux de la prévention du suicide expliquent que les proches, l’entourage, les professionnels de la santé et même des inconnus peuvent empêcher un suicide jusqu'au dernier moment.
Dans un postulat déposé durant la session, je demande une stratégie de prévention et de détection précoce reposant sur:
-une information étendue de la population dès l'école sur les questions de santé mentale, de sa fragilité, mais aussi de la très grande résilience
-une structure d'intervention de santé générique pour les jeunes offrant des soins globaux
-des structures secondaires ou tertiaires de soins spécialisés.
Ce plan d'action est soutenu par l'association des Engagés pour la santé et notamment par le Dr Philippe Conus, médecin-psychiatre.
La Suisse n'a pas pour mission de satisfaire Poutine
L'ouverture de session a été entachée par le vote du Conseil national d'une motion UDC Friedli soutenue par le PLR et une bonne partie du Centre pour limiter l'octroi des protections (statut S) aux personnes dont le dernier lieu de résidence se trouvait dans des régions ukrainiennes prétendument hors de risque. Une idéologie démentie par la situation sur place faisant état de bombardements et d'attaques de drones quotidiennes contre des civils ayant déjà causé la mort de nombreuses personnes y compris femmes et enfants.
Les partisans des mesures les plus dures en matière d'asile sont les mêmes qui imposent une baisse de l'aide humanitaire
Aides sur place essentielles dans une période instable
Cet acharnement s'est confirmé dans les débats pour le budget 2025 avec une diminution de la coopération internationale de CHF 250 mio voulue par la majorité du Conseil national issue des mêmes rangs que les partisans du renvoi des Ukrainiens. Au final, CHF 110 mio ont été retranché dans une période d'incertitude où les guerres se multiplient et où l'aide sur place est essentielle.
Les coupes budgétaires ne se sont pas limitées à la coopération internationale, elles s'étendent aux soutiens aux trains de nuit pourtant réclamés par la population (📉 CHF 20 mio), à des moyens suffisants pour l'aide sociale en matière d'asile (📉 CHF 100 mio) ou encore au dossier électronique du patient (📉 CHF 8 mio), un dossier qui a déjà pris beaucoup de retard. Dans le même temps, CHF 500 mio supplémentaires sont engagés pour l'armée alors que la Suisse est un Etat neutre. On doute que l'armée sache comment dépenser de tels montants supplémentaires.
En Syrie, le renversement du régime tyrannique du clan Assad survenu le 08.12.2024 est à saluer. C'est un soulagement pour les victimes de ce régime et leurs proches, torturées et emprisonnés sans raison par un pouvoir sanguinaire. L'incertitude sur la suite et sur les positionnements du nouveau pouvoir de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) demeure. La demande instantanée de l'UDC du renvoi de force de l'ensemble des Syriens vivant en Suisse relève de la pure idéologie et de l'opportunisme. Elle est à dénoncer.
La situation est très instable en Syrie. On ignore encore quelle orientation prendra le pouvoir en place. Si c’est un régime respectueux des droits humains, des retours volontaires pourront être envisagés. À l’inverse, si c’est un régime terroriste, des renvois sont impensables. Il faudra un peu plus de temps avant que la situation se décante.
Droit au regroupement familial préservé grâce à vous
Lors de la Session d'automne 2024, le Conseil national avait voté une motion UDC mettant fin au droit au regroupement familial pour les personnes fuyant des pays en guerre (admission provisoire / permis F). Sur les 535 demandes approuvées au cours des 5 dernières années, 501 concernaient des femmes et des enfants. Aussitôt, le Parti socialiste suisse lançait un appel en ligne. Contre toute attente, en 24 heures 140 000 personnes l'ont signé. Cet appel demandait au Conseil des États de renoncer à cette mesure contraire à notre Constitution fédérale. La Chambre haute décidait alors de suspendre cette décision et optait pour un passage en commission.
La réussite de cette mobilisation de la société civile est avant tout une bonne nouvelle pour les familles concernées.
Ce 18.12.2024, en plénum, sous pression, le Conseil des États refusait cette motion à deux voix près, un vote définitif. On entend parfois que les réactions de la population n'ont aucun effet sur le vote des élus. Les effets de cet appel démontrent l'inverse.
Le communiqué de presse du 18.12.2024 du PSS. Droit au regroupement familial: le Conseil des Etat corrige la décision inhumaine du Conseil national
Faciliter la reconnaissance des diplômes pour renforcer l'intégration
De nombreuses professions font face à une pénurie de personnel notamment dans le secteur de la santé. Parmi les 66 000 Ukrainiens en Suisse (majoritairement des femmes et des enfants) beaucoup sont diplômés avec un bon niveau de qualification. Les victimes de la guerre ont souvent traversé l'enfer. Bien qu'elles apprennent le français, l'allemand ou l'italien, beaucoup ne maîtrisent pas encore suffisamment cette langue pour suivre une thérapie dans une de nos langues. Or, les psychothérapeutes autorisés à exercer en Ukraine ne peuvent le faire en Suisse. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Les médecins diplômés en Ukraine sont aussi empêchés d'exercer dans notre pays. Beaucoup pourraient être introduit dans un cabinet en débutant comme médecin assistant par exemple. Dans une interpellation du 17.12.2024, je demande des mesures pour simplifier la reconnaissance des diplômes, accélérer l'intégration et faire face à la pénurie de personnel.
Tout l'or du monde
Les sanctions en vigueur contre la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine empêchent ce pays d'exporter de l'or pour financer la guerre. Depuis 2022, les importations d'or depuis le Kazhakstan et l'Ouzbékistan vers la Suisse ont triplé selon une enquête de Swissinfo avec la contribution de Swissaid. Dans son avis du 20.11.2024 à mon interpellation du 26.09.2024, le Conseil fédéral est évasif sur les contrôles. Ces vérifications ne sont pas opérantes. Dans cette réponse, Berne n'exclut pas que de l'or russe entre en Suisse via le Kazakhstan ou l'Ouzbékistan (nouvel article de Swissinfo du 05.12.2024).
Dans une nouvelle interpellation du 17.12.2024, je me penche sur les mesures concrètes de contrôle de l'or en provenance de ces deux pays à destination de la Suisse. Tout doit être entrepris pour éviter la participation de la Suisse neutre et indépendante au financement de la guerre de Poutine qui viole l'interdiction du recours à la force.
Pensez à reposer votre cerveau (loin des 📲 indésirables; ma question du 04.12 et la réponse du Conseil fédéral du 09.12) et pas uniquement pendant les vacances.
🎬 Cette courte vidéo (1mn45) extrait de l'émission 28 Minutes sur Arte (depuis Facebook) devrait vous inspirer.
Bonnes fêtes, prenez soin de vous et de vos proches ☃️ !
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